Téléporté : Contribution ARPALouron à la commission UTN du 27/08/2015


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Nous vous remercions d’avoir bien voulu répondre à nos courriers, ainsi que d’avoir accepté de nous entendre. Notre Président est retenu par des obligations professionnelles et vous prie d’excuser son absence.

Notre Association existe depuis 2008 et intervient notamment dans les domaines de protection de l’environnement, d’amélioration du cadre de vie et d’aménagement du territoire.

Nous considérons que ce projet de liaison entre Loudenvielle et la station de Peyragudes intervient trop tard, dans un contexte économique difficile, où l’économie des moyens doit venir au premier plan. Or ce projet intervient après la création récente d’une nouvelle route d’accès à Peyragudes.

Ce projet est proposé également dans un contexte où il est établi clairement que la fréquentation des stations est en perte de vitesse sur le massif pyrénéen et que la clientèle n’est pas extensible. Il ressort de la réunion publique de présentation du projet qu’il est peu probable que ce projet draine une clientèle nationale nouvelle. Il est d’abord conçu comme un outil de meilleure concurrence avec les stations proches.

Nous sommes ici dans une instance départementale où les projets sont analysés du point de vue de l’intérêt général. Faut-il exacerber la concurrence entre les stations du département ? Une ou deux stations seront peut-être gagnantes momentanément mais pour combien qui resteront sur la touche ? L’heure n’est-elle pas à la diversification et à la complémentarité des projets ?

Ce projet prévoit un endettement lourd de la Communauté des Communes. Si une réponse favorable devait être donnée à cette demande d’autorisation administrative, nous espérons qu’elle sera précédée d’une vérification que tous les feux sont aujourd’hui au vert dans la gestion de la Communauté des Communes, par rapport à la situation décrite par la Chambre Régionale des Comptes en décembre 2014. Quand on connaît le sens de la mesure de cet organisme et qu’on découvre les termes forts qui sont utilisés concernant l’endettement et la gestion financière, on ne peut que préconiser la prudence.
D’autant plus que s’ouvre une période de chamboulements dans les regroupements intercommunaux et qu’il vaudrait mieux que ces derniers héritent de situations saines.

Les rédacteurs du projet prévoient que beaucoup d’éléments seront approfondis après l’autorisation administrative. Ce n’est pas le cas du chapitre financier qui est pourtant d’une grande légèreté par rapport aux autres chapitres. Quelques lignes sur l’investissement… pas de justification des montants avancés alors que des projets semblables ont coûté beaucoup plus cher… pas de transparence sur la globalité des dépenses induites par ce projet… Tels sont les traits essentiels de la partie «investissement». Au niveau du fonctionnement, les prévisions de recettes auraient gagné à être calculées dans une fourchette (hypothèse basse et hypothèse haute). Le fonctionnement sur 6 mois pleins nous paraît surestimé. En fait, ce projet est basé sur une volonté de développement immobilier. Mais, chaque été, pour assurer une présence minimale à Peyragudes, les tarifs sont largement revus à la baisse et font une concurrence déloyale aux gîtes de la Vallée. D’ailleurs, la Chambre Régionale des Comptes attire l’attention sur une tendance à la baisse des produits et services liés aux revenus des immeubles. Pourtant, les volumétries de fréquentation de la remontée mécanique sont basées sur les capacités immobilières présentes et futures.

Les recettes de l’hydroélectricité seraient mobilisées pour équilibrer le budget de fonctionnement et, d’autre part, rembourser l’emprunt ! N’y a -t-il pas mieux à faire quand, selon la Chambre Régionale des Comptes, l’annuité de la dette mobilise plus du tiers des recettes réelles de fonctionnement ?

Par ailleurs, des clarifications sont souhaitables sur plusieurs points relatifs à l’environnement du projet :

– Nous souhaitons savoir si la Communauté des Communes et l’Autorité Environnementale ont rapproché leurs points de vue quant au moment où la question des impacts environnementaux sera approfondie et nous espérons que notre avis sera sollicité.

Par contre, il n’est pas besoin d’attendre pour parler de l’impact paysager. La vallée avait combattu avec succès les pylônes de la THT. L’enjeu paysager était réel et il l’est tout autant aujourd’hui. L’alignement des poteaux de la remontée mécanique, le déboisement de plus de 15 mètres de large, le croisement de la ligne de haute tension feront office de verrue paysagère dans le bas de vallée. A cela s’ajoutera, plus haut, l’effet cumulé des immeubles de la station, de la nouvelle route, de l’aéroport et de la recrudescence de son trafic et du croisement d’une deuxième ligne de haute tension. Le caractère agropastoral de la vallée est un atout touristique décisif. Avec cet équipement majeur et structurant, n’est-on pas en train de franchir les limites à ne pas dépasser ?

– Au delà des impacts environnementaux, l’Autorité Environnementale met l’accent sur les continuités et fonctionnalités écologiques, tandis que la Communauté des Communes s’en tient essentiellement à une étude limitée à l’enveloppe du téléporté. L’approche de l’Autorité Environnementale nous paraît primordiale d’autant que Germ n’a pas eu l’étude globale environnementale exigée par la législation sur les PLU et que ce projet de liaison interurbaine n’était pas intégré dans le PLU de Germ.

– Toute la démonstration de la CCVL vise à démontrer que les effets environnementaux du projet sont limités. Les risques pour toutes les espèces protégées sont systématiquement relativisés. On parle de la présence potentielle du desman mais on ne fait aucun bilan de la santé écologique du ruisseau, des zones humides, du respect ou pas du corridor écologique exigé par le PLU. On dit qu’on va juste survoler le ruisseau alors que des travaux de terrassement sont prévus à sa proximité ainsi qu’à celle des zones humides. On dit que le ruisseau draine l’essentiel du bassin, on
connaît l’extrême sensibilité du sol du village de Germ, mais on ne se pose pas la question des effets cumulés et différés de tous les gros travaux passés auxquels ce projet viendra s’ajouter.

– Cette différence d’approche a des conséquences également sur la question des parkings proches du lac de Loudenvielle qui sont envisagés en relation avec le projet de téléporté. Cette question est reliée au projet de téléporté tant dans le document de révision du PLU de Loudenvielle que dans celui du dossier de demande d’autorisation d’UTN. Mais la Communauté des Communes nous dit qu’on ne peut pas aborder cette question aujourd’hui ! Alors quand le pourra-t-on ?

Enfin, avant de donner une nouvelle autorisation d’UTN, nous pensons qu’il serait de bonne gouvernance de vérifier si tous les engagements environnementaux pris à l’occasion des précédentes UTN ont été respectés !

Compte-tenu de tous ces éléments, nous vous demandons de ne pas accorder d’autorisation administrative à ce projet.

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